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Cluny IV, un centre d’art contemporain pour Cluny

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L’information a été révélée dans la presse puis annoncée officiellement lors de l’assemblée du Conseil général du vendredi 3 février : un centre d’art contemporain de niveau international pourrait voir le jour dans quelques années à Cluny. Nom de code du projet : « Cluny IV ».

Contrairement à ce que son nom pourrait évoquer, « Cluny IV » n’est pas un projet de reconstruction de la grande église abbatiale, quoiqu’il est tout aussi audacieux. Ce projet de création d’un centre d’art contemporain à Cluny entend en effet rivaliser avec les plus grands musées du monde, que sont le Guggenheim de Bilbao ou le Tate Modern de Londres.
Du Guggenheim, « Cluny IV » emprunte la philosophie générale : créer une antenne d’un grand musée d’art contemporain sur un territoire a priori peu enclin à recevoir ce type d’équipement culturel, dans le but de rapprocher l’art du public et d’impulser une très forte dynamique économique.
L’exemple du centre Pompidou Metz plaide en faveur de ce raisonnement : réussite architecturale et culturelle, il est surtout une réussite économique (70 millions d’euros de retombées induites, selon la CCI de Moselle). L’installation de ce musée délocalisé a en outre assuré une visibilité internationale à la ville de Metz, et permis la restructuration de tout un quartier.

Ambitieux, « Cluny IV » sera cependant un projet adapté à la dimension de la ville, car voulu proche de l’humain et respectueux du paysage.
Sa présentation à l’assemblée départementale a été conduite par Xavier Douroux, directeur du centre d’art contemporain de Dijon Le Consortium. L’homme n’est pas un inconnu à Cluny, car il participé pendant de nombreuses années à l’organisation des expositions d’art contemporain estivales aux Ecuries de Saint-Hugues, avec feu l’association « Cluny culture ». On lui doit notamment les expositions de César, Buren, Annette Messager ou Niki de Saint-Phalle, par exemple.
Pour « Cluny IV », il s’est associé à Nicolas Bourriaud, directeur de l’école des Beaux-arts de Paris et ancien directeur du Palais de Tokyo, un centre d’art contemporain parisien actuellement en cours de restructuration.

Le projet « Cluny VI » a été conçu comme une approche expérimentale où se mêlent exigence de qualité, pari du territoire rural, dimension humaine et lien avec l’histoire, selon les mots de X. Douroux. Par sa position géographique, son histoire et son patrimoine, la ville offre en effet plusieurs atout permettant l’implantation d’une nouvelle institution culturelle majeure.

Le terrain est déjà trouvé : appartenant à la Ville de Cluny, il est situé le long de la route de Varanges, entre le tennis club et le centre équestre. A la fois proche du centre-ville sans être situé à proximité immédiate du bourg médiéval, ce terrain est visible depuis la ligne TGV, et accessible en quelques minutes à pied depuis les parkings d’Equivallée par la nouvelle passerelle sur la Grosne. Sa situation légèrement en surplomb offre également une vue panoramique sur la ville ce qui en fait un terrain « formidable », s’enthousiasme X. Douroux.

Les architectes sont également convaincus : il s’agit du célèbre duo suisse Herzog et De Meuron, auteur notamment du Tate Modern de Londres, de l’Allianz Arena de Munich ou du stade national « nid d’oiseau » de Pékin. Plus près de nous, les architectes ont également conçu la résidence universitaire Antipodes de Dijon, qui fut leur première réalisation française.
Convaincus par le projet Cluny IV, ils ont imaginé une structure carrée de 12 mètres de côté sur deux étages, qui serait répliquée quatre fois pour former le musée.

En pratique, « Cluny IV » ne serait pas un énième musée destiné à accueillir une collection publique ou privée, mais serait animé grâce à une « compétition » originale créant l’événement.
A intervalles réguliers, quatre grandes institutions de l’art seraient invitées à tester leur créativité autour d’un thème commun. Chacune proposerait une exposition dans l’un des quatre bâtiments identiques du musée. A la manière de la Coupe de l’America en voile, le vainqueur de cette compétition (à savoir l’institution dont l’exposition aura été plébiscitée) définira le thème de la compétition suivante, prenant la forme d’une nouvelle exposition quelques mois plus tard.

Ces expositions constitueraient la vitrine de « Cluny IV » en période touristique, d’avril à octobre. Le reste de l’année, le musée serait consacré à l’enseignement et l’éducation à l’art, d’où l’engagement de l’école des Beaux-Arts de Paris dans le projet.

Le financement de ce projet serait porté à la fois par le mécénat, et par une fondation abritée par la Fondation de France (dont Xavier Douroux est également chargé de mission).
La construction des quatre bâtiments aurait un coût relativement modeste, estimé à un million d’euro chacun. Il serait supporté par la philanthropie de grandes institutions de l’art (le Tate Modern de Londres et le MOMA de New-York seraient déjà convaincus).

L’animation du musée quant à elle serait confiée à cette fondation spécialement créée, où se retrouveraient mécènes privés et subventions publiques. L’exemple de la Coupe de l’America est encore une fois évoqué sur cet aspect, cette régate étant largement financée par l’entreprise Louis Vuitton, qui donne son nom à l’événement (la « coupe Louis Vuitton »). Le budget de fonctionnement de l’institution est évalué à 250 000 euros par an.

Enfin, les honoraires des architectes ainsi que les études préalables seraient pris en charge par la Fondation de France.
Les porteurs de projets se donnent entre 16 et 18 mois avant de concrétiser ce projet, le temps de réunir les financements et d’organiser la concertation au plan local.

Pour en savoir plus sur ce projet, l’intervention complète de Xavier Douroux au Conseil général est disponible sur Dailymotion.

À noter que deux autres projets ont été évoqués lors de cette assemblée départementale : la délocalisation du festival des Francofolies de La Rochelle à Tournus les 2 et 3 juins prochains, et un projet de Center parc qui pourrait voir le jour à l’horizon 2015. Dix sites potentiels d’implantation ont déjà été visités par le groupe Pierre & Vacances dont, en Clunisois, celui du bois de Gaud à Saint-Gengoux-le-National (même si des terrains du Charolais-Brionnais semblent avoir la faveur du groupe hôtelier).

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