La fête du 2 novembre : Odilon, Gloria, Mictecacihuatl et les autres…

Est-il encore besoin de rappeler que la commémoration des fidèles défunts, plus communément appelée « fête des morts », a été instaurée le 2 novembre par l’abbé de Cluny Odilon en l’an de grâce 998 ?

Adoptée par le pape Léon IX une cinquantaine d’années plus tard, cette commémoration est depuis célébrée dans l’ensemble du monde chrétien et inscrite dans notre calendrier grégorien (la fête des morts étant par ailleurs un rituel instauré dans un grand nombre de cultures de par le monde).

En apparence antinomique, l’association des termes « fête » et « mort » trouve son explication dans l’origine précolombienne de cette célébration (bien avant qu’Odilon de Cluny ne l’institutionnalise), qui était présidée par Mictecacihuatl, la déesse de la mort, 1000 ans avant notre ère. Depuis cette époque, le Día de los Muertos correspond à un temps très important dans la culture mexicaine, où il est célébré « de manière très festive, avec de la musique, de grandes quantités de nourriture et de boisson, des décorations aux couleurs vives et de nombreuses représentations caricaturales de la mort ».

Est-ce cette conjonction entre l’origine festive de cette célébration et le lieu de son instauration « officielle » par Odilon qui guida l’artiste Gloria Friedmann lorsqu’elle exposa à Cluny en 2007 ? Certains Clunisois se rappellent encore avec émotion de l’installation de son oeuvre Dolce Vita sur la façade des écuries de Saint-Hugues.

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Dolce Vita de Gloria Friedmann, photo dijonart.com

Choquante, car bousculant les représentations traditionnelles de la mort, cette oeuvre associant une sarabande de squelettes en résine mauve dansant au milieu de fleurs roses et l’inscription « Dolce vita » (la vie douce, en italien), a été créée spécialement par l’artiste pour cette exposition clunisoise. C’est ainsi l’opposition entre la nature et la culture, omniprésente dans le travail de Gloria Friedmann, qui était montrée en place publique, et créait la polémique.
L’ensemble de cette exposition d’été 2007, intitulée Ultraviolet (catalogue en commande et téléchargement PDF ici), jouait d’ailleurs sur cette opposition, dans une installation où « le macabre côtoie l’humour et la douceur du rêve la réalité la plus sinistre ».

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Les contemporains de Gloria Friedman, photo fosiris sur Flickr

Pour ceux que l’oeuvre continue de faire réfléchir (ou pour vous offrir une sortie au musée ce week-end), Dolce Vita est à nouveau visible jusqu’au 10 novembre 2011 dans le cadre de l’exposition Deep comedy du centre d’art contemporain dijonnais Le Consortium, co-organisateur de cette exposition d’été 2007 à Cluny.

Et… joyeuse fête des morts !

BONUS : Il y a deux ans, la Ville de Cluny ressuscitait la fête des morts dans le cadre de Cluny 2010. Une manifestation à revivre sur Cluny TV, la web TV de Cluny et du Clunisois, qui vous propose en outre le programme des festivités de ce 2 novembre 2011.