L’offre de soins en Clunisois

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Avec son dispositif installeunmedecin.com, le Département de Saône-et-Loire cherche à lutter contre la désertification médicale qui touche les territoires ruraux. Mais qu’en est-il en Clunisois ?

Le 7 octobre 2013, le Conseil général de Saône-et-Loire lançait sa campagne de communication sur son dispositif installeunmedecin.com. Empruntant un ton volontairement potache et décalé pour une collectivité publique, l’institution a souhaité « faire le buzz » pour sensibiliser la population au problème de la désertification médicale et valoriser son dispositif d’aide à l’installation de professionnels de santé en Saône-et-Loire.

Mais si le département ne compte que 8,8 médecins pour 10 000 habitants (contre 9,6 de moyenne en Bourgogne et 10,8 au niveau national), qu’en est-il spécifiquement du Clunisois ? Le service interactif C@rtoSanté de l’Agence régionale de santé de Bourgogne apporte plusieurs éléments de réponse quant à l’offre de santé des communes et cantons bourguignons.

On y apprend ainsi (chiffres 2011) que le canton de Cluny compte 8 médecins pour 9 743 habitants (5 à Cluny et 3 à Salornay-sur-Guye), soit 8,2 médecins pour 10 000 habitants. Si cette densité est légèrement inférieure à la moyenne départementale, elle reste supérieure ou égale à la plupart des cantons voisins. A titre de comparaison, des cantons beaucoup moins peuplés comme Matour (2 médecins pour 4 400 habitants), Saint-Bonnet-de-Joux (1 médecin pour 2 400 habitants) ou Mont-Saint-Vincent (1 médecin pour 3 000 habitants) doivent faire face à une densité de médecins généralistes beaucoup plus faible sur leur territoire.
Seuls les cantons de Saint-Gengoux-le-National au nord (4 médecins pour 4 000 habitants) et Tramayes au sud (5 médecins pour 3 700 habitants) disposent comparativement d’une meilleure offre de soins. Celle-ci doit cependant être relativisée à moyen terme, la majorité des généralistes officiant dans ces cantons ayant plus de 55 ans.
Outre la densité de professionnels de santé sur le territoire, la question de leur renouvellement dans les années à venir est en effet une question préoccupante pour maintenir une offre de soins durable. En Clunisois, 5 des 8 médecins en activité ont plus de 55 ans.

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Carte de la densité de médecins généralistes en Saône-et-Loire en 2011 par canton et par communes (© Urcam de Bourgogne).

La consommation d’actes de soins (consultations et visites des médecins de ville) est beaucoup plus faible en Clunisois que dans le reste du département. Ainsi, selon les données de l’Observatoire régional de la santé de Bourgogne, cette consommation d’actes de soins s’établit à 2,8 actes par an et par habitant en Clunisois contre 3,4 en moyenne en Saône-et-Loire.
Ce chiffre, qui laisserait à penser que les Clunisois sont en meilleure santé que leurs voisins, doit toutefois être relativisé au regard du nombre de patients des médecins de ville, qui est seulement de 6 504 bénéficiaires pour 9 743 habitants. Un écart qui s’explique en partie par une « fuite » des patients vers des praticiens installés en dehors du canton de Cluny et surtout par le nombre de patients soignés directement en établissements médicaux (hôpitaux, maisons de retraites) par des médecins salariés.
Ainsi, en prenant en compte le nombre de bénéficiaires et non le nombre d’habitants, la consommation d’actes de soins en Clunisois s’établit à 4,3 actes par an et par patient chez les 8 médecins de ville du territoire.

Enfin, la question de l’accessibilité des médecins est une problématique qui touche particulièrement les territoires ruraux comme le Clunisois. Avec huit médecins regroupés sur deux communes, la distance entre le lieu de résidence et le généraliste le plus proche peut être un véritable obstacle pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer. En Clunisois, quatre communes sont plus particulièrement touchées par cette question, Buffières, Bergesserin, Donzy-le-National et Mazille se trouvant à au moins 10 km du généraliste le plus proche.
S’affranchissant des limites administratives, les habitants des communes situées dans les « zones blanches médicales » se répartissent donc dans les cabinets les plus accessibles pour eux. C’est ainsi que les habitants de Bray, Curtil-sous-Buffières ou Clermain se retrouvent chez les médecins de Cluny, quand ceux de Buffières, Chiddes, Bonnay ou Cortevaix préfèrent majoritairement se rendre chez les médecins de Salornay-sur-Guye.

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Carte de l’attractivité et de l’accessibilité des médecins de Saône-et-Loire en 2011 par commune (© Urcam de Bourgogne).

Inaugurée le 26 janvier 2012, la maison pluridisciplinaire de santé de Cluny a été clairement présentée dès son inauguration comme un équipement destiné à lutter contre la désertification médicale du territoire, simplifiant le parcours de santé des patients et facilitant l’installation de jeunes praticiens. Regroupant 20 professionnels de santé dans 7 spécialités (médecins généralistes, sage-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes, ostéopathe et podologue), la maison de santé de Cluny accueille ainsi régulièrement des internes en médecine lors de leurs stages de fin d’étude.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le service C@rtoSanté ou sur le site internet installeunmedecin.com.